Site du Club Alpin
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largement renseigné. Vous trouverez ici son adresse
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lundi 29 décembre 2014
mercredi 3 septembre 2014
Il était une fois, 100 fois 1 kilomètre ou les 100 km de Sologne
Ce samedi 30 août 2014 à 6h30 à Theillay, je m' apprête à
courir ma plus longue distance sur ce 100 km et ce après seulement 3 ans de
course à pied quasiment jour pour jour...
Préambule
Tout a commencé début septembre 2011. Mon dernier rentre à
la maternelle, j' ai encore 15 kilos en trop avec mes 2 grossesses successives
plutôt mal gérés côté balance! Y a de celà une dizaine d' année je courrai et au
final c' était simple, il suffit de pas grand chose et de peu de temps. C 'est
décidé, avec enfin du temps pour moi, je rechausse les runnings.
Volontaire je m' inscris d' emblé au semi-marathon de Paris
pour mars 2012, l' objectif à tenir. Semi validé, poids perdus, envie d' aller
plus loin gagnée...mon but est de désormais d' allonger les distances et faire
ce que plus jeune je ne trouvai pas intéressant, c' est à dire du marathon et
plus. J' avais bien couru la Saintélyon (68km) en 2001 mais çà c' était fun, une
course de nuit en décembre par monts et par vaux, je viens!
2013, je laisse les moyennes distances pour plus long avec
un écotrail de Paris sur 50km et un premier marathon à Toulouse en octobre.
2014 sera mon année ultra. Je décide de préparer des courses
où la distance ne sera pas inférieure au marathon. Je ne suis pas une super
coureuse, mon temps au marathon est de 4h43. A vrai dire je ne cours pas non
plus à la perf. J' ai juste du plaisir à courir et finir. A ce moment là, faire
100 km sur route est encore un projet pour 2015. Mais la vie est faite de
rencontres! En mars je cours le 80km de l'écotrail de Paris où je fais la
connaissance de deux sacrés ultrarunners, Francine et Marc. Ce dernier habite
la même ville que moi, je l' avais aperçu lors de mes entraînements sur les
chemins de la forêt qui nous sert de terrain de jeu. Dans une discussion après
course je lui fait part de mon envie de courir au 24 heures de Feucherolles sur
12 h. Marc me conseille plutôt un 6
heures pour débuter sur la discipline et me dit qu' ils seront de la partie sur
le 24H.
Entre temps je cours le marathon d' Annecy en avril, puis
arrive les 6 heures fin mai. La course de l' inconnu. Tourner sur une boucle de
1,3 km pendant 6 heures...pas si dur en fait et c' est un bon exercice pour le
mental, important en ultra. A la fin de l'épreuve, je demande à la petite bande
expérimentée quel 100 km, ils me conseillent!
- t ' as qu' à venir
avec nous fin août en Sologne!
- Heu, fin août ? ça va pas !...
Mais voilà, l' envie est là, le doute aussi. Ces gens ne sont vraiment pas fréquentables!
Francine en remet une couche, un peu plus tard, "allez viens avec nous, t'
as deux mois pour t' entraîner et on court avec toi"
La nuit portant conseil, c' est bien connu...c 'est comme çà
qu' un beau matin on chausse ses runnings comme d' hab mais avec le désir de
préparer un 100 km, qu' on poste son inscription en tremblant, si si, qu' on ne
pense plus qu' à çà pendant deux mois d' été où faudra tout concilier. Je suis
mère au foyer et c' est les vacances scolaires..
Préparer une course aussi longue faut quand même y aller
avec des kilomètres dans les jambes.
Je ferai une belle prépa en juillet avec 300 km et pas mal
de bi-quotidien pour arriver à faire du kilomètrage, ne pouvant pas faire de
trés longues sorties en une seule fois. Un trail de 50 km avec 2600 m D+ début
août, pas trop traditionnel mais on fait comme on peut quand on est en vacances
en montagne pendant la prépa puis j' aime çà! Des randos, du vélos de route jusqu' à l'
accident bête, une glissade sur un tapis et c' est l' entorse à la cheville à 3
semaines de la course. Arg ! Ô désespoir !?
D' un naturel optimiste, je continue à y croire. Des
entorses, j' en ai déjà eu un sacré nombre de fois et je sais que rien n' est
impossible. Alors je continue à y croire mais je sais aussi qu' une contrainte
de ce genre ce sera sûrement des souffrances en plus pour en venir à bout. Je
met alors toutes mes chances de côté. Strap et béquilles, repos, arnica, argile
verte, bain de sel, glaces...tout y passe. Une semaine après ma cheville ne me
fait plus mal en statique, je refais donc un peu de vélo et un peu de natation
et j' arrive à marcher quelques heures avec le straping sans trop de douleurs.
La dernière semaine j' essaye un footing d' une heure le lundi, pied lourd le
soir, un deuxième de 50 minutes le mercredi, tout va bien. Samedi je prendrai
le départ!
La course
Vendredi 29 juillet, toute la famille suit
comme d' habitude. Nous prenons la route pour Thiellay, petite bourgade du Centre
en Sologne près de Vierzon. Tout se passe autour du foyer municipal. Retrait
des dossards, pasta party, couchage, petit déjeuner, camping, départ,
arrivée...
Nous optons par la solution camping sur les espaces verts
autour du foyer, comme bon nombre de participants venus en camping cars ou
avec leur toile de tente. Chez nous, monsieur et les enfants seront sous la
toile tandis que moi dans le palace de notre van pour déjeuner tranquille et m'
habiller, le départ est à 6h30.

Dimanche 30 aout, 4h00. Le réveil sonne. La nuit fut courte
dû à un endormissement un peu trop long. Mais je me sens bien et moins stressée
que les jours précédents. Je prépare mon petit déjeuner maison. Dans un sac
congel, j' ai pris ma dose de crème sport dej maison avec des graines de chia
et des baies de goji ainsi que du muesli aux fruits secs. je rajoute une banane
coupée en morceau, le tout arrosé de lait d' avoine. Un repas copieux mais
digeste auquel j' ajoute une jus de fruit frais et une boisson chaude à base d'
orge. Je file ensuite me dégourdir les jambes jusqu' aux sanitaires du gymnase
et me recouche un peu avec de la musique en attendant. Marc et Francine
prennent leur petit dej au foyer à 5 heures (un peu tard je trouve cet horaire
prévu) et me retrouvent dans le van pour papoter un peu.
6 heures. On fini de se préparer. Remplissage des gourdes,
passage aux toilettes et direction la ligne de départ où je retrouve mes
camarades en compagnie d' autres copains à eux, qui participent aux 100km et au
50km. Chris mon mari, nous rejoint pour nous immortaliser le moment avec
quelques photos et filmer le départ.
6h30. Bang ! Et c' est parti, il fait encore un peu nuit et
doux. On sort rapidement du village pour se retrouver sur des routes bordées de
forêt en lignes droites. Paysages qui ne nous lâchera pas beaucoup durant la
course hormis quelques traversées de villages. Bonne ambiance dans la troupe.
Devant, c' est parti fort. Aujourd' hui c' est les championnats de France, y a
du beau monde et y a aussi une cinquantaine de coureurs qui font le 50km. De
toute façon faut pas traîner, le temps imparti est de 15h30.
Les kilomètres défilent, les ravitaillements tous les 5
kilomètres donnent le rythme. Ma cheville me fait mal mais sans plus. Le strap
léger posé la veille la maintient bien toutefois. Peu avant le km 15 on croise
les premiers coureurs, nous avons un petit aller retour de 10 km à faire. Petit
coucou aux coureurs, échange ou pas d' encouragements.
Il commence à faire chaud vers
10h30, heureusement beaucoup de passage à l' ombre en forêt.
On s' arrête à tous les ravitaillements, je prend
systématiquement 2 à 3 verres, 1 eau, 1 gazeuse, 1 coca et une demi banane et 1
quartier d' orange. Et tous les 20km un gel anti oxydant que j' ai sur moi. A
partir du 40ième kilomètre je bois de plus en plus d' eau à ma gourde perso.
Sur les tables on y trouve, de l' eau, du coca, de l' eau
gazeuse et de la boisson isotonique ainsi que de la bière. En solide c' est banane,
sucre, chocolat noir, raisins et abricots secs et à partir du km 50, il y a en
plus du fromage, du saucisson, des tartines de rillettes, et 90 des crêpes. Bon
rien de spécial pour la végétalienne que je suis. De toute façon mon truc à moi
c' est les bananes!
Tous les bénévoles sont adorables avec nous, aux petits
soins et on le mot de réconfort et la répartie pour blaguer aussi. Merci à eux.
42km195, on nous annonce notre passage au marathon en 5h03.
Je me sens super bien, les jambes tournent bien mais je commence à souffler un
peu. Mes camarades sont au top, ah ces V2 ! Et ma cheville dans tout çà?
Toujours pareil, légère douleur. Par contre c' est ma cuisse qui commence à me
faire souffrir, elle se contracte vite. Un déplacement de douleur? Je commence
à demander à mes deux compères de la marche pour relâcher le muscle. Ca marche
bien. Puis un autre bobo arrive, malgré la crème nok mise ce matin aux niveau des
aisselles, la brûlure est inévitable. Grrr. Au ravitaillement du 45, Chris est
là avec les enfants. Je suis contente de les voir, petits bisous à tous. Je lui
demande de me mettre de la nok sous les aisselles et là, horreur. Je me suis
vu accoucher d' un troisième en quelques secondes. Vite repartons, que de l'
air glisse dessus. Non c' est pire, au secours! Je serre les dents. Va falloir
accepter cette douleur encore pendant des heures...
Km50, pause photo obligatoire même si de ce côté là, on est
pas avares. On repart, 6h14 de course, le rythme est bon. Marc est au top de sa
forme, limite s' il ne nous fait pas la roue!!! Bon çà va! C' est son 10ème, il
connaît la chanson, mais quand même, c' est pas juste y a une jeunette qui
trime à côté!
Par contre côté cerveau, çà tourne encore, je me dis qu' il
nous reste 9h15 pour faire les 50 prochains kilomètres. On a de la marge pour
finir et c' est bon pour le moral car la suite je me doute que ce ne sera pas
la même moitié à répéter.
55, 60 km, les kilomètres défilent sur ces longues lignes
droites. La circulation est ouverte, nous courront au sommet de la route pour
des raisons de confort. Les bas côtés sont en dévers ou de mauvaises qualité.
Il faut donc parfois se rabattre et revenir en fonction des voitures. Ca
commence à être usant avec la fatigue. Je marche de plus en plus mais on ne
perd pas trop de vitesse. Nous gardons une allure de 7.8 km/h. Je fixe mon
regard sur les chaussures de Marc. Je ne veux plus voir ces lignes droites. Par
contre Francine a du mal à marcher, son tendon d' achille est plus facile à
dompter en trottinant . Allez comprendre Charles! J' essaye de garder une
petite foulée mais rien y fait, je stoppe pour marcher. J' en suis désolée, tant
est si bien, qu' on km65 je craque littéralement. Gros coup de fatigue. Mon
corps dit stop. Plus rien, je n' arrive pas à recourir. Et là , c' est les
larmes qui coulent. Marc à mes côtés me regarde impuissant. Je laisse couler
ces larmes. Je sais que ma tête doit prendre le dessus, qu' il faut passer ce
cap. Le prochain ravitaillement arrive. Chris est là et m' encourage. Il voit ma
détresse, il sait trop bien ce que cette phase signifie, il connaît çà mon
ultratrailer de mari et me laisse tranquille en me disant qu' il sera là au prochain
ravitaillement.
Marc pondère, en me
disant que si çà va vraiment pas, on peut arrêter! Ah non ! Je vais y arriver,
çà va revenir. J' avale une gel coup de fouet que j' ai sur moi au cas ou...oui,
me faut du sucre! Allez hop et on continu. On propose à Francine de partir
devant, et je la vois s' éloigner. Marc suggère de courir 5 minutes et de
marcher 2 minutes dés que je le sens. Ok allons y! Mon corps peine, c' est
devenu un bout de bois mais j' y arrive. A ce moment là nous sommes à 7,5km/h
au général. Nous avons bien perdu. Marc me motive, "on a le temps, on va
le faire". Il a raison, serre les dents cocotte! On tient ce rythme là
pendant 10 kilomètres.
Crédits photos, Francine Hervier et Marc Torre
Un peu avant le ravitaillement du km80, je ne peux plus
tenir. Courir me fait mal. Lever les jambes est un supplice. Par contre j'
arrive à bien marcher au rythme de 5/6 km à l' heure pas si mal après 80
kilomètres. faut tenir, oui faut tenir comme çà jusqu' au bout!
Km85, plus que 15. On vient de faire 2 marathons! On double
encore quelques concurrents encore plus cuits que moi. Notre vitesse générale
diminue. On demande à Chris de nous fournir une frontale, on va finir à la nuit
tombante et on aimerai bien se faire voir des voitures. Manquerai plus qu' on
se fasse écraser!
Km90, on retrouve notre Francinette nationale, assise dans
un transat en train de manger une crêpe. Demi heure d' attente pour finir avec
nous. Faut dire qu' elle avait trouvé le bon ravito, sacrée Francine!
j' ai deux accompagnateurs en or. La plupart des coureurs
ont des suiveurs à vélo, ben moi j' ai deux coureurs adorables, quel luxe!
On repart à trois, j' ai plus trop de jambes, relancer est
difficile. Je n' ai pas le droit d' arrêter et puis mes deux amis sont là pour
moi.
Km95, je cri à la vue du panneau. Maintenant on va
décompter, mais que c' est long un kilomètre...
La nuit commence à tomber, nous sommes sur une toute petite
route, pas de circulation, ouf! Par contre les moustiques font leur apparussions.
Ca pique, j' arrive pas à les chasser.
96...97...98...mais que c' est long. Je discute avec mes
camarades mais je ne suis plus vraiment là. J' entre dans une nouvelle
dimension. je plane. On voit enfin le panneau de Theillay, deux signaleurs nous
annoncent 1300 mètres avant l' arrivée. Je ferai répéter 2 fois, je comprend
pas très bien en effet. Je suis en mode automatique. Un pied devant l' autre et
j' avance toujours entre 5 et 6 km/h. Nous sommes à 7,1 km/h d' allure
générale.
Km99, un autre cri déchire la nuit. Mes amis propose de
faire la photo et d' immortaliser le moment. Je leur dis, "vite, faut je
que finisse mon corps ne tient plus". Je les laisse prendre d' autres poses
et me remet en route vers mon point final. Repartir après cette courte pause, me
déchire les jambes, remettre en route est si dur mais le rythme revient au bout
de quelques pas. Les deux V2, sacrés Vétérans 2, me retrouvent en petites
foulées.
J' aperçois Chris
venir à notre rencontre, je comprend que c' est bientôt la fin. Il me dit moins
de 500 mètres, je suis tendue. Un croisement, une barrière, une dame nous
dit," 300 mètres, bravo". Mes compagnons me demande de finir en
courant, je me prépare mentalement. C 'est dur mais ils ont raison , je doit
essayer. Je leur demande d' attendre de voir l' arche. Une autre barrière, des
gens, des encouragements, des applaudissements, des félicitations...tout est
flou. On tourne à gauche, elle est là, l' arche de la délivrance mais aussi l'
arche de la fierté, l' arche du courage et de l' amitié. Marc et Francine, ces
deux grands coureurs au grand palmarès me prennent les mains et me lèvent les
bras. Je recours, mes enfants sont là, heureux de voir leur maman arriver. Ils
crient tandis que nous franchissons le centième kilomètre. 14h21 et 40 secondes,
je suis centbornarde! Je tombe dans les bras de mes deux amis, l' émotion me
gagne et les larmes recoulent à nouveau...
Merci de m' avoir amenée et soutenue au bout d' une telle
course! Marc vient de franchir la ligne d' un 100km pour la 10ème fois et
Francine pour la 6me fois! Respect les champions.
Nous finissons à la 67, 68 et 69ème place sur 83 arrivants
sur la course open 100km et 99 autres arrivants sur le championnats de France, pour environ 250 participants.
Félicitations à tous.
La ligne franchie on nous remet une belle serviette blanche
aux couleurs de la course, je la passe autour de moi, me ravitaille. je tiens encore debout mais je file vite chercher un kiné. Les secouristes m' installe
dans une salle en attendant qu' il arrive. 10 minutes plus tard, une dame rentre,
elle était sur le départ. Je serai la dernière me dit elle. Elle me trouve une
grosse contracture à la cuisse droite...oui je sais! Phénomène de compensation
avec ma cheville, soit disant! Elle masse et m' étire, ouille ouille ouille.
Mais çà fait du bien. Après une douche bien chaude tout ce petit monde se
quitte, il est déjà tard et on veut tous rentrer se reposer chez nous. Pas de
camping ce soir s' il vous plaît.
A J+2, tout rentre dans l' ordre. Je marche normalement
après un lendemain difficile. Reste les deux grosses brûlures aux aisselles, 5
par 5. La prochaine fois plus de débardeur sur si long ! Dans une semaine les
bobos auront disparus, restera que le bonheur d' avoir vécue cette belle
aventure.
Pour finir un merci à l' organisation.
Je dédicace ce 100km à ma petite Fanny, partie trop tôt et
dont le courage et la volonté ne l' aura jamais lâchée. Force et honneur à ta
mémoire petite sœur.
Karine Mérel
Crédits photos, Francine Hervier et Marc Torre
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